La petite vadrouille

La petite vadrouille

J’ai changé mes plans par rapport à ce qui était prévu la semaine dernière, donc on ne va pas parler de Christophe Honoré mais de *La Petite Vadrouille*, le dernier film de Bruno Podalydès, avec lui-même, son frère Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain et Daniel Auteuil, nouveau venu dans cette troupe. C’est le troisième film en trois ans pour Podalydès, après le très réussi Les 2 Alfred et Wahouuuu, qui m’avait laissé un souvenir plus mitigé. Il vient de sortir son dernier long-métrage, La Petite Vadrouille.

 

Le film pourrait être vu comme une comédie populaire, mais plus modeste et plus humble que celles qui dominent souvent le box-office. Il y a une filiation avec le vaudeville du film de Gérard Oury, mais ici l’esthétique est celle du bricolage. Le pitch est le suivant : une bande de bras plus ou moins cassés, tous en difficultés financières, vivote, l’un essayant de créer une base nautique itinérante, un autre étant gardien de musée et tentant d’exposer ses propres toiles, une autre donnant des consultations express d’hypnose en visio. Le burlesque propre à Podalydès est synthétisé dans cette galerie de personnages, accompagnés par le couple Kiberlain-Denis Podalydès, qui bat légèrement de l’aile. Kiberlain incarne une working girl réputée pour ses talents d’organisation. Un PDG millionnaire lui demande d’organiser un week-end romantique pour lui et une femme qu’il convoite, moyennant une somme en cash de 14 000 euros. Toute l’équipe d’amis brinquebalants se voit attribuer des rôles pour organiser cette croisière romantique, tout en tentant de racketter et d’arnaquer le PDG.

 

Comme souvent chez Podalydès, il y a matière à une série de prétextes pour appuyer sa comédie. Toutefois, il a voulu rajouter un second axe, celui de la jalousie du couple, ce qui l’éloigne peut-être de ce qu’il sait faire de mieux : la critique du monde contemporain par l’absurde. On rigole évidemment, mais davantage au début qu’ensuite, au fur et à mesure que la péniche passe les écluses, le film ayant parfois tendance à se répéter. Tout reste juste et fidèle à son cinéma, avec Bruno Podalydès parfait en capitaine de pénichette qui se prend pour un capitaine de paquebot. Il y a une réflexion sur la fiction et la mise en scène dans ces rôles donnés à chacun, interprétés avec une maladresse parfaitement jouée, qui suffisait largement à faire un bon film sans vouloir rajouter des situations plus communes. Mais c’est aussi là l’humilité de cette Petite Vadrouille :  ne pas chercher à se distinguer à tout prix.

 

Il y a une patte et une singularité tant du réalisateur que de ses acteurs. On sent l’amitié entre eux, de films en films, les comédiens fidèles restant les mêmes, comme une petite famille ou une petite troupe. Il y a aussi une réflexion sur le cinéma qui est sous-tendue derrière, mais on n'est pas loin du « bon divertissement ». Je recommanderai les Podalydès quoi qu’il arrive, mais c’est un film mineur dans la filmographie du réalisateur.

 

Pour la musique, il y aurait eu le choix entre plusieurs morceaux interprétés par l’orchestre des bras cassés de cette croisière en péniche, comme une version déglinguée de *Santiano* ou une version a cappella archi fausse de *Elle était si jolie* d’Alain Barrière. Cependant, la pénichette croise un groupe de gentils marginaux post-ados qui écoutent Pupajim, le groupe de reggae dub de Brest. Pour clore, je vous laisse avec *Brest Bay* de Pupajim/Stand High Patrol.

 

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Bill VAN CUTTEN

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