Riddle Of Fire

31 mai 2024

Cette semaine on va parler d’un film qui est sorti déjà depuis un moment, exactement depuis la mi-avril, mais qui reste diffusé dans certaines salles de la région. Initialement présenté au festival de Cannes 2023 ou il était nominé pour la caméra d’or, qui récompense les meilleurs premiers films. Il s’agit de Riddle of fire, en français l’énigme du feu, le premier film de Weston Razooli, qui joue également un second rôle dedans. 

C’est Un long métrage familial dans le meilleur sens du terme, parce que on va pas se cacher que derrière le genre « film familial » se cachent souvent des navets de première catégorie. Mais là pas du tout,  et c’est donc hyper bienvenu si vous cherchez une idée de film à aller voir avec vos ados ou préados

 

J’avoue que ce titre peut faire peur au début, ça sonne héroïc fantasy et même s’il y a des aspects fantastiques dans le films, on est pas ici dans un monde de trolls 

L’enigme de départ est toute bête et ô combien classique pour des ados contemporains: il s’agit de craquer le code parental  permettant de dévérouiller la télévision. Pourquoi ? Pour jouer à une nouvelle console de jeu, la bien nommée angel, dérobée dans la réserve du fabricant de jeux vidéos OTOMO par le trio d’ado du film. Tout est fait pour que l’on ait envie de découvrir avec eux le jeu vidéo énigmatique en question. La quête du film sera de parvenir à ce grâal, en soudoyant notamment la maman, grippée, qui accepte de donner le code de la télé en échange d’une tarte aux myrtilles. Une tarte dont la confection deviendra un roman d’aventures,  par une succession d’étapes rendant le chemin du désir plus aventureux et ludique que son objet final. En d’autres termes, la quête pour arriver à dévérouiller la télé est un enchevêtrement de péripéties de plus en plus marquées par le sceau du fantastique et du magique, qui rendent la finalité de la quête; à savoir jouer à ce jeu vidéo, bien morne au regard de ce que va devoir traverser la bande d’adolescents

 

Le film a été comparé aux Goonies, et  effectivement on est sur une aventure, centré sur des adolescents , centrée également sur un territoire bien américain, le Wyoming.  il y a une idée de quête, de voyage presque initiatique, un caractère fantastique également qui peut nous évoquer par exemple Stranger Things , notamment parce que la bande son est très marquée par les synthés des années 80. Mais ce qui différencie Riddle of fire de ces  gros noms  c’est son esthétique estampillée cinéma indépendant. ça le différencie mais c’est surtout ce qui fait son charme et sa singularité. On est loin des blockbuster du genre. Les effets spéciaux sont fait  maison,et  le film est intégralement tourné en 16mm, un format réputé plus économique.  

 

Ce  format est devenu rare mais il a fait les grandes heures du renouveau du ciné indépendant ou de genre , mais aussi de reportages. Cela donne à l’image une esthétique presque vintage, mais aussi onirique, légèrement flou par moment, ce qui colle avec l’atmosphère  qui traverse le film. En effet, même si il n’y a pas d’elfes ou de trolls il y a ici une fée, Petal, et sa mère, plus maléfique. Mais pas de petites ailes ou de nez crochu, pas de maquillages fx, tout ce supernaturel baigne dans une atmosphère réaliste, celle d’une amérique à la marge. D’ailleurs le côté marginal des personnages semble presque faire écho à  la « mini » production. Pour info le film a couté 650.000 dollars, c’est  environ 800 fois moins cher que le star wars épisode 7, ou pour rester sur du cinéma d’auteur, dix fois moins qu’anatomie d’une chute. Quand un film américain coute moins cher qu’un film français c’est qu’on est sur un ovni…

 Le caractère do it yourself est ici intégral; de  la production du film à la manière de vivre des personnages, notamment des « méchants »; les  braconneurs maléfiques, en marge de l’amérique profonde du Wyoming, qui constituent une version autogérée du hors la loi des film d’action. 

 

 

Le film a été tourné en trois semaines, ce qui est, pour un long métrage de deux heures dont le casting est majoritairement composé d’ado, une sacrée prouesse. mais les acteurs s’en sortent avec les honneurs (malgré , oui, quelques prises imprécise, et encore ça fait également le charme du film. Et arriver à atteindre une telle singularité avec un budget si réduit à de quoi interroger (en tout cas si j’étais producteur ce film me ferait réfléchir) 

 

C’est très vivement conseillé si vous cherchez une sortie ciné avec vos ados. Je ne sais pas si ce qui m’a le plus plu c’est le côté vintage, qui me faisait un peu revivre mes films préférés ado, notamment stand by me, adapté de stephen king; qui partage cette idée d’une amérique à la marge et l’aventure de la quête; ou le côté artistique des images et de l’atmosphère; qui m’a un peu fait penser, avec plus de modération, à des films très arty comme ceux de Bertrand Mandico (Conan notamment). 

 

La bande son, très marquée par celles de John  Carpenter, très synthétique et atmosphérique, se prête peu à la radio, mais j’ai décidé de mettre un morceau plus pop d’un groupe bien marqué par cette période et par les synthétiseur, et également américain, même s’ils sont de NYC et pas du Wyoming, on va s’écouter Nation of Language, avec Too Much Enough, sorti à la fin de l’année dernière (même si on peut croire que c’est sorti en 1984) 

 


Copyright© 2024 RAJE. Tous droits réservés.