Megalopolis - Coppola
Cette semaine on va parler d’un film évènement, le dernier Coppola, le film d’une vie, pour ainsi dire, Megalopolis, donc, pari total du réalisateur d’apocalypse now ou de la trilogie le parrain, pour lequel il a hypothéqué une partie de sa fortune, plus exactement ses vignes, alors on nous présente ça comme un sacrifice et c’en est un si on a des vignes à hypothéquer ,déjà.
Et c’est toujours intéressant de voir ce qu’un réalisateur a à proposer quand il n’est pas bridé par les boites de production.
Et donc que nous propose Coppola pour ce mégalopolis?
Et bien un libre accès sur sa propre mégalomanie peut être? On a le sentiment tout au long du film que le réalisateur est persuadé de proposer ici son chef d’oeuvre, en le soulignant, en le surlignant, en l’encadrant, en d’autres termes, en en faisant des caisses, mais alors vraiment des caisses. je m’égare déjà en jugement avant d’avoir parlé du pitch. Présenté comme un Film sur la décadence et l’urbanisme, et un jeu de conflit l’intérêt et de vision du monde entre César Catilina, interprété par Adam Driver et Franklyn cicéro, dans la ville de new rome, nouveau nom donné à new york
Et ça se passe dans un monde néo-antique
Voilà, un monde néo-antique. Coppola invente le néo-néo-classicisme. Le néo classicisme se présentait comme un retour aux sources de l’art, à la fin du XVIII eme, coppola fait un retour aux sources de retour aus sources, en prenant comme angle d’approche l’allégorie, style considéré à l’époque comme le plus élevé par l’académie. Allégorie qui consiste donc à mettre en image des idées en les incarnant par des figures. Allégorie de la chute d’une civilisation, de la décadence, du pouvoir créatif et du cinéma, allégorie de l’ambition surtout : il y a un peu tout ça dans le projet de mégalopolis
ça fait pas un peu beaucoup?
Si si ça fait beaucoup, beaucoup trop. On pourra pas reprocher Au film de manquer d’humilité. Alors comme allégorie de l’ambition c’est réussi : tout est ici marqué par l’ambition, tout est grandiloquent. Bien sur il y a un travail énorme, chaque plan est ultra léché et a du nécessiter des heures de mise en place, tout est sophistiqué, des mouvements de caméra aux éclairages. Tout est signifiant et fait pour être décortiqué. Comme un film testament qui regorge de ficelles à déméler, qui nécessite une interprétation multicouches, au risque de bloquer un domaine dans lequel Coppola excellait autrefois: la narration
Car tout est ici noyé par les sophistications, pour accoucher d’une esthétique kitsch au possible, et Coppola à arrive nous perdre totalement dans le propos du film, trop bavard pour qu’on s’y intéresse, trop compliqué pour qu’on soit pris dedans… Comme si, pour son ultime projet, le réalisateur avait combiné tout ce qu’il y a de plus criticable dans son cinéma (au hasard le gout du kitsch érotisant dans dracula, ou l’ambition démesurée du réalisateur déjà palpable dans d’autres films)
Le film a d’ailleurs été un échec à cannes ?
Oui il est reparti bredouille et s’est fait pas mal allumer. ça m’embête de crier avec les loups mais j’ai rarement autant regardé ma montre au ciné. j’ai pourtant essayer de me forcer à couper court à mes jugements sur l’esthétique, à essayer de m’imprégner de l’univers du film, j’ai tenu la première heure comme ça, à sauver ce qui pouvait l’être, en essayant de reconnaitre le travail demandé, le côté qui peut en fasciner certain de la sophistication des plans, et puis j’ai plus tenu. Et autant vous avertir, le temps est passé très très lentement
On comprend que tu recommandes pas du tout
En effet, sauf si vous etes en train de faire une these sur Coppola ou sur la chute de catilina ou de rome… il y a bien mieux à voir en ce moment, comme le noiveau Ozon dont on parlera la semaine prochaine
On se laisse en musique?
Oui mais pas avec un extrait de la BO, elle aussi très pompeuse et grandiloquente. Non comme le film traite de la fin de la civilisation, je me suis dit que le titre I see a darkness, dont on connait bien les versions de bonnie prince billy et johnny cash ferait l’affaire. mais pour jouer avec le côté américano-latin du film, je vous propose la version de rosalia, sur son premier album, pas encore pop, mais qui permet de mesurer le talent de la chanteuse très tot.