Le Deuxième Acte

24 mai 2024
Quentin Dupieux, troisième film déjà sur cette année scolaire, après Yannick et Daaaaali, dont on a parlé ici il y à quoi ? Deux -trois mois maximum. Le bien nommé "deuxième acte", peut-être pour former un pont avec Yannick, qui incarnerait le premier.
Ce n'est pas une suite mais il y a quelques motifs, chers à Dupieux, qui se téléscopent d’un film à l’autre. La présence d’un flingue, déjà, la présence de Raphael quenard également, et la mise en abyme, mais ça c’est quasi inhérent à l’ensemble de sa filmographie. Dans Yannick, mise en abyme de l’envers du décor du théatre dans un film de cinéma, et dans le deuxième acte, coulisses d’un tournage sans que l’on sache si cela ressort de la fiction ou de la réalité.

Un casting renouvelé pour Dupieux

Vincent Lindon, qui selon les degrés de lecture incarne un banquier volubile, un acteur à l’égo démesuré ou un troisième aspect qu’on ne va pas dévoiler ici mais qui est assez inattendu, exceptionnel dans sa faculté d’adaptation au cinéma de Dupieux.
Lea Seydoux qui campe ici une actrice assez insupportable, une diva -rôle pour lequelle elle est assez crédible il faut en convenir- aussi détestable que détestée.
Louis Garrel enfin, un peu plus en retrait dans le film, soucieux de son image, les dents rayant le parquet.
Et Raphael Quenard donc, fantastique. Je pense qu’ils ont trouvé le binôme parfait avec Dupieux, ils sont fait l’un pour l’autre. les dialogues de Dupieux sont hilarants, de bout en bout, la salle était particulièrement hilare et moi le premier. Et puis il faut parler de Manuel Guillot, dans le rôle d’un figurant en surdose de stress, qui perturbe l’ensemble du tournage…




C’est le genre de film qu’on a envie de refaire, dont on a envie de commenter les scènes avec des personnes qui l’ont vu, les passages les plus hilarant, mais je n’ai vraiment pas envie de couper le plaisir du spectateur en en dévoilant ne serait ce qu’un peu. Tout est hyper ecrit, les situations, les dialogues, jusqu’au cadrage hasardeux tout au long du film qui trouve sa justification… Disons que
Les rares scènes que j’avais pu voir en avant-gout en dévoilaient déjà un peu trop à mon gout, et que à part vous dire d’aller le voir, j’ai du mal à en faire un commentaire.

Disons que c’est un film qui se passe d’analyse ou d’explications. Ça ne veut pas dire que c’est un film sans profondeur ou degré de lecture. Au contraire. Mais venir rajouter une quelconque glose qui orienterait l’interprétation ou la lecture n’aurait pas de sens et n’apporterait rien au film.
La conférence de l’équipe du film avait quelque chose de lunaire, lors de la présentation à Cannes, au point qu’on peut se demander si elle ne participait pas elle même d’une mise en scène, d’un jeu sur le degré de réalité du film. Mais comme le dit Dupieux qui a l’impression que les gens vont davantage voir ses films s'il en parle moins, j’ai aussi envie d’en dévoiler le minimum pour laisser
le spectateur en profiter un maximum

Et sans aucune contre indication, courrez voir le film, même si vous avez du mal avec Dupieux. On n'est pas dans un humour aussi décalé que sur certains de ses films les plus barrés, mais on rit du début à la fin, presque sans discontinuer. Un rire franc, qui répond au côté profondément libre et irrévérencieux des dialogues et de la mise en scène. C’est peu de dire que cela fait du bien... Je ne sais pas quand j’avais à ce point ri au cinéma, je crois que la dernière fois c’était à la lecture d’un roman ou d’une bd de Fabcaro. Vous savez ce qui vous reste à faire.

On va se quitter avec du Mr Oizo. La bande son du film a un côté faussement mièvre que je ne veux pas non plus dévoiler. Et puis comme on a la chance d’avoir un type aussi multi-talentueux que Dupieux-MR Oizo, on ne va pas se priver et faire profiter les auditeurs de ses multiples facettes: tout simplement Flat Beat.

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