Episode 23

15 décembre 2019
Campus – Ex-Big Sat (Côte d’Ivoire)
Morceaux des années 90, où en Côte d’Ivoire ça chauffe pas mal. Notamment parce que le vieux Félix Houphouët-Boigny est au pouvoir depuis l’indépendance, c’est à dire plus de 30 ans. Vieil ami de la France, sans doute a-t-il bénéficié de quelques aides de ses protecteurs. Au début des années 90, commencent les premières grandes grèves et manifestations. On demande plus de libertés, plus de moyens dans l’éducation et la santé, et l’ouverture du gouvernement au multipartisme. Et c’est sur les campus d’Abidjan que les heurs sont les plus virulents, les étudiants et lycéens chargeant la police.
En 1993 Houphouët-Boigny décède. Son successeur, ancien président de l’Assemblée Nationale, s’appelle Henri Konan Bédié, durant son mandat qui durera 6 ans, Il utilise l'idée de « l'ivoirité », notion selon laquelle une personne ne serait vraiment ivoirienne, et donc pourrait se présenter à l'élection présidentielle, que si son père et sa mère sont d'origine ivoirienne. Ceci permet notamment d’écarter son principal rival, Alassane Ouattara, à l'élection présidentielle ivoirienne de 1995. Ouattara que l’on retrouvera en 2011 avec la crise des élections avec Laurent Gbagbo.
 
 
Taximen – Amadou Balaké (Burkina Faso)
Et ce qui est cocasse c’est qu’Amadou, dans les années 60, il était taxi à Ouagadougou, il sait de quoi il parle. C’est ce qu’on se demande aussi si, un peu comme dans la chanson... « les taxis c’est pour eux-mêmes ou si c’est pour satisfaire la masse. Un Taximan qui te dit dite là-bas, tu vois pas où je va ? Je suis pressé ! Ou bien il te dit, monsieur moi y a pas monnaie, y a pas le temps »
 
 
Amour – Les Fantaisistes de Carrefour (Haïti)
Après avoir obtenu l’indépendance par les armes en 1804, le peuple haïtien a été contraint de passer à la caisse. Oui oui vous avez bien entendu ! Je paye pour qu’on me rende mon indépendance ! En 1825, par la volonté du roi Charles X, et pour qu’il puisse accepter de reconnaître l’indépendance, Haïti doit « échanger » sa future indépendance contre 150 millions de francs-or. Cette somme, réduite par la suite à 90 millions, était censée permettre d’indemniser les colons français installés en Haïti, obligés par les événements, à abandonner leurs biens et à quitter l’île. Les Haïtiens ont dû payer cette drôle de « dette » jusqu’en 1884.
 
 
Chichicastenango – Marimba Chapinlandia (Guatemala)
Le marimba, vous connaissez ? C’est du xylophone quoi. Mais un xylo particulier qui a sous les petites dalles de bois, sur lesquelles on tape, des tuyaux en métal qui servent de résonateurs.
À la base c’est un instrument qui vient d’Afrique, d’ailleurs « marimba » c’est un mot d’origine bantoue. D’ailleurs qu’est-ce que ça veut dire « bantoue » ? Bantoue ça veut dire humain. On raconte que les premiers explorateurs demandaient aux tribus, comment s’appelait les autres tribus, et les autochtones répondaient « bantou ». De fil en aiguille tout le monde s’est appelé bantou, c’est à dire humain. Tout le monde s’appelait « humain »...
 
 
Ras Mass 75 – Brother Valentino (Grenade)
« Ras » c’est « le chef » en éthiopien, un peu comme Négus qui veut dire « Roi », « Seigneur. » « Ras Tafari » c’est le seigneur Tafari Makonnen, c’est à dire « Haïlé Sélassié Ier » dernier empereur d’Éthiopie, que l’on appelle aussi le.
 
 
 
Nintsika Jiaby Iz’ty – Jaojoby (Madagascar)
« Nintsika Jiaby Iz’ty » veut dire « voilà qui nous somme ».
Eusèbe Jaojoby, un des artistes les plus connus de Madagascar voilà qui il est.
Il fait partie de ce courant qui a réinventé la musique malgache.
Originaire non loin de la capitale de la vanille, c’est à dire Sambava, au Nord-Est de l’île.
Il a opéré dans le salegy, ce style de musique typique de Madagascar, une grande révolution et modernisation notamment grâce à l’arrivée des instruments électriques qui ont débarqué juste après la décolonisation.
 
 
Chien la Jappe – Ti Céleste (Guadeloupe)
Le Gwo-Ka. C’est ce style de musique traditionnel qui vient directement des esclaves. Il se jouait avec de grand tambour qui était construit à partir de tonneaux, que l’on appelait à l’époque gros-quart, et Gwo-Ka c’est la déformation créole de gros-quart. C’est à la fois une musique et une danse qui sont une des 17 pratiques classifiées dans l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, avec elle aussi son cousin le Maloya musique traditionnel de la Réunion. Mais il y a aussi la gastronomie, le compagnonnage, la dentelle d’Alençon, les parfums de Grasse etc... Bref tout le savoir-faire de la France.
 
 
Sun Sun Damba – Carlos Puebla & Pedro Sosa (Cuba)
En 1959, les révolutionnaires prennent le pouvoir et deviennent bientôt célèbres dans le monde entier. La suite sera encore plus extraordinaire, cette petite île fait trembler le monde et retient l’attention des plus grandes puissances, régulièrement contraintes de bousculer leurs agendas par les prises de positions de Fidel Castro. En Afrique c’est le temps des indépendances et l’on voit en Cuba un pays fier et fort. Cuba jouera un rôle prépondérant dans le monde à cette époque, et encore plus en Afrique où Che Guevara se rendra de nombreuses fois, en Algérie, en RDC et dans tout le continent pour distiller les paroles du Lider Maximo et aider logistiquement les pays par les transferts de connaissance. On sait par exemple qu’au Mozambique, Cuba formait des médecins, des ingénieurs etc... Et la culture révolutionnaire qu’ils apportaient a permis à de nombreux pays, de relever la tête, et retrouver leur identité. Cuba a aussi beaucoup influencé l’Afrique de par les styles et les méthodes de musiques.
 
 
Kungo Sogoni – Nâ Hawa Doumbia (Mali)
L’ethnie la plus présente au Mali et dans l’Ouest africain : Les mandingues.
Ils sont 20 millions. Du Sénégal au Burkina, en passant par la Côte d’Ivoire et le Mali justement.
Le style de musique que chante Nâ Hawa Doumbia c’est ce que l’on appelle du « didadi ». C’est originaire du sud du Mali, la région d’où elle vient.
En 1981, elle a 21 ans, et elle remporte la première édition du concours découverte RFI.
Son mari N’Gou Bagayoko assure la partie instrumentale à la guitare sèche.
 
 
N'na Soba – Balla et ses Baladins (Guinée)
Fin des année 60 à Conakry ! Tu la sens l‘influence de Cuba là ? Hein, tu la sens ? Balla et ses Baladins, un groupe légendaire dans la Guinée de cette époque, et N’na Soba c’est un des titres phare de ce groupe que l’on appelait aussi Orchestre du Jardin de Guinée. Les deux formations étaient composées des mêmes artistes. Le chef ? Balla Onivogui !
 
 
Fuguei Na Escola – Teta Lando (Angola)
Un bijou signé Alberto Teta Lando. Un 45 tours sortie en 1973. Un single enregistré dans les studios du label « N’gola ». Des studios prestigieux où tout le beau monde de la musique angolaise est passé.
J’ai fui l’école pour aller jouer au ballon, « fuguei na escola para jogar a bola ».
Si ce n’est pas un morceau plein de Saudade ça, moi je ne m’y connais pas. La nostalgie de l’enfance, quel délice l’école buissonnière, tout ça sur ce petit son langoureux plein de douceur...

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