Radio Numérique Terrestre: sondage exclusif RAJE
10 mars 2015
Le développement de la Radio Numérique Terrestre (RNT) agite les acteurs de la radio depuis plusieurs années et en particulier depuis le 20 juin 2014, date de lancement de la RNT dans trois grandes villes françaises (Paris, Marseille et Nice). Avec un léger sens de la caricature nous pouvons dire qu’il y a d’un côté les conservateurs qui souhaitent que rien ne bouge afin de défendre leurs intérêts (légitimes) commerciaux (Lagardère, RTL, NRJ, BFM), les progressistes qui ont tout intérêt (légitime encore) à ce que la RNT soit lancée dans les meilleures conditions (SIRTI, SNRL…), les acteurs qui voient dans la RNT un enjeu central pour l’avenir du média radio (le CSA), et puis les autres qui semblent être dans l’expectative (le Gouvernement, Radio France).
J’ai déjà affirmé notre vision du dossier : un enjeu d’intérêt général (http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-118956-la-rnt-un-enjeu-dinteret-general-1067547.php) qui doit voir le jour maintenant (http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20150123trib1a43821e9/la-radio-numerique-terrestre-c-est-maintenant.html)
Une chose est acquise : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a indiqué en janvier dernier (rapport sur l’évolution des modes de diffusion de la radio : quel rôle pour la radio numérique terrestre ?) prévoir le déploiement de la RNT dans de nouvelles grandes villes françaises (Lille, Lyon, Nantes, Strasbourg..).
Dans ce contexte, il nous est apparu intéressant de se tourner vers ceux au nom de qui nous prenons tous la parole régulièrement dans ce dossier : les Français. Pari risqué, mais nous prétendons incarner une génération d’acteurs responsables et courageux, nos actes seront nos meilleurs arguments. Les résultats du sondage devraient en tout état de cause être intéressants. Il aurait été de toute façon malhonnête de parler d’intérêt général et de ne pas s’intéresser à la réponse donnée par les premiers concernés aux questions que l’on peut légitimement se poser : la radio sur le web ne suffirait-elle pas à numériser la radio ? Les Français ont-ils entendu parler de la RNT sans (presque) aucune communication grand public ? Sont-ils prêts à investir et combien pour accéder à ce mode de réception ?
C’est l’institut de sondage OpinionWay qui a été chargé de l’étude et qui a interrogé un échantillon de 1009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas. Les résultats sont très intéressants, en voici les principaux enseignements.
Constituent un frein à l’écoute de la radio sur Internet le manque de mobilité, le coût et le non respect de l’anonymat pour une majorité de personnes interrogées, 45% des Français ont déjà entendu parler de la RNT et plus d’un tiers des sondés serait prêt à investir pour accéder à la RNT, le coût accepté de l’équipement s’établissant en moyenne, pour l’ensemble des Français, à 21 euros.
Concernant la radio sur Internet, trois freins ont été identifiés à son écoute :
- les déplacements limités à une zone où un accès Internet est requis (70%)
- la nécessité de payer un accès Internet haut débit pour en profiter (67%)
- la traçabilité des visites et l’absence d’anonymat (55%)
Nous pouvons donc en déduire que la radio sur Internet, dans les conditions actuelles et en laissant de surplus de côté les problèmes de volumes de données accessibles dans les abonnements, est abordée avec un certain nombre de freins par la majorité des Français.
Sur le point particulier de la notoriété de la RNT en France, 45% des personnes interrogées ont entendu parler de la RNT et 16% savent bien de quoi il s’agit. En somme, près de la moitié des sondés a entendu parlé de la RNT sans aucune communication grand public et alors même que la plupart des « grands » médias évitent le sujet dans leurs choix éditoriaux jusqu’à présent. Cela laisse entrevoir le potentiel à venir si une campagne de communication destinée au grand public est mise en place : la RNT est un sujet qui parle aux Français et l’expérience de la TNT n’y est certainement pas pour rien !
Enfin la question du montant que les sondés se disent prêts à investir : 21 euros en moyenne ! Plus de 30 euros pour 16% et entre 1 et 29 euros pour 20%, ce constat mis en parallèle de la méconnaissance de la RNT à ce jour par une très grande majorité de personnes interrogées est une excellente nouvelle alors que la plupart des adaptateurs sur le marché sont en vente entre 20 et 30 euros.
A ceux qui ne manqueront pas de détourner les véritables enseignements de ce sondage proposons une réponse claire : la radio est en train de vieillir et de perdre lentement des parts de marché et le web n’est pas LA réponse. A regarder de plus près les résultats du sondage précité on note d’ailleurs que plus les personnes interrogées sont jeunes plus les contraintes liées au web sont ressenties comme fortes et plus leur connaissance de la RNT est importante. La RNT ne peut plus être écartée des solutions pour sauver la radio, car oui, il va falloir sauver ce média en y mettant toute notre énergie et notre audace, les jeunes générations ne se contenteront pas d’une FM améliorée par une offre web insatisfaisante, cela passera sans conteste, par la Radio Numérique Terrestre.
Valère CORREARD
Directeur Général du Département Médias du GROUPE SOS
Retrouvez l'intégralité du sondage ici
Y. EMRAN
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