QUI VA LA ? /// Un spectacle seul en scène avec Thierry de Pina
Qui va là?
Le samedi 15 janvier, à la maison de la poésie d’Avignon, était jouée la pièce d' Emmanuel Darley “qui va là", mise en théâtre par le comédien Thierry de Pina, qui joue seul en scène cette pièce destinée au départ à être du théâtre de salon. C’est un spectacle de la compagnie Ah le zèbre!
Ainsi, le personnage principal est un type qui peut paraître un brin farfelu et sans gêne, puisqu’il vient s’installer là, devant vous, de façon inopinée, il vient en quelque sorte s’approprier la scène. Il prétend avoir habité là, il égrène ses souvenirs, dispose à qui mieux mieux des objets, les détourne afin d’installer son souvenir là, le souvenir de sa mère, de son père. De ses errances. C’est une pièce courte dont il ne faut pas rater la fin, car le personnage distille son passé et son présent à petite dose, d’une façon un peu exaltée, comme peuvent l’être les gens qui ont été abîmés par la vie et tentent de se raccrocher à un brin de gaieté en évoquant une chanson, n’hésitant pas à la brailler. Il le dit, ce qu’il aime dans la vie, c’est parler!
Et là, avec nous, il se sent bien, il se sent en sécurité, dit-il….
Le comédien porte sur ses épaules ce personnage peu commun, à la fois un peu comme vous et moi, et aussi un peu décalé, peut-être un peu fêlé, mais laissant passer la lumière.
Il faut accueillir ce spectacle comme on accueillerait ce genre de personne, vous savez, qui vous arrête dans la rue quand vous êtes pressé, pour vous demander du feu, une cigarette, une piécette, et vous dit un poème ou vous raconte sa dernière mésaventure, au début il vous agace un peu, car il vous retient, il s’impose dans votre vie, puis soudain vous réalisez que le rencontrer a rendu ce moment à priori banal exceptionnel, exceptionnellement humain et lumineux. Il nous donne peut-être envie d’être dérangé, de temps en temps, finalement.
C’est un spectacle qui interroge notre relation à l’autre, notre façon, aussi de métamorphoser un souvenir, et sans le dire, nous invite doucement à réinterroger, peut-être nos certitudes, notre confort.
Je conseillerai ce spectacle à ceux qui se questionnent sur notre façon d’habiter le monde, sans désirer pour autant glisser dans la noirceur de l'âme. Car si ce spectacle évoque des sujets difficiles, il ne sombre pas dans l’art purement social et nous délivre de beaux moments de tendresse et de poésie.
Vous pourrez voir ce spectacle cet été au festival off d’Avignon
Adeline Wall
LE SITE DU FIGUIER POURPRE - MAISON DE LA POESIE D'AVIGNON
Pierre Avril
