L'anglicisme, ce grand méchant loup de la langue de Molière

L'anglicisme, ce grand méchant loup de la langue de Molière

Le mois de juin, c’est pour beaucoup la période des examens. Certains ont passé leur écrit de français la semaine dernière. C’est l’occasion de parler un peu de notre belle langue française. Malgré ses subtilités, ces exceptions qui font la règle, nous l’aimons la langue de Molière ; Mais certains l’aiment de façon un peu démesurée, à en devenir des férus opposants à ce qu’on appelle les anglicismes.

Vous savez ces mots que nous utilisons, qui viennent de l’anglais, comme mix, dancefloor, sandwich...
C’est vrai qu’il y en a beaucoup. Mais avant de lancer la pierre de l’autre côté de la Manche, prenons le temps de vérifier quelques mots. Certains, oui, sont bien issus de la langue anglaise, bien qu’ils soient souvent francisés et parfois même détournés de leur sens originel.

Mais d’autres sont souvent pris -à tort- pour des mots anglais alors que ce n’est pas forcément le cas.
Nous allons voir quelques exemples ensemble.

Le mot « barbecue », à votre avis, un anglicisme ou pas ?
Figurez-vous que ce mot vient d’une vieille expression française. Elle fait référence à une pratique du Moyen-âge, où l’on enfourchait un animal, d’un bout à l’autre, pour le faire cuire. Comprenez donc « de la barbe à la queue ». C’est ce qui forme le mot barbecue, que d’ailleurs les anglais ont repris.

En parlant de grillades, le grill, anglais ou français ?
Là c’est un peu plus subtil. Si la plupart des linguistes affirment qu’il vient de « grill room », qui désigne un resto où on mange de la viande grillée, dans plusieurs dictionnaires, y compris les dictionnaires anglais, il est bien précisé que c’est un dérivé, là encore, du vieux français. Il viendrait du terme greïl ou graïl, lui même un dérivé du latin. Ce mot désignait un outil de cuisine ou de torture.

Alors puisque nous sommes dans le thème de la grillade, décidément, c’est la saison, autant parler du mot « hamburger ».
Là, anglicisme ou pas ? Cette fois, ce sont ni les anglais, ni les français les responsables! Et non plus les américains, comme on pourrait le croire. C’est en fait du côté de l’Allemagne qu’il faut regarder, et plus particulièrement à Hambourg, ce port d’où partaient les immigrés, pour aller, devinez où, aux États Unis. Là bas, des expatriés allemands ont ouvert des épiceries où ils servaient des hamburger steaks, c’est à dire de la viande hachée mêlée à différentes préparations.

Maintenant que nous avons parlé viande, burgers, nous allons parler sport.

Le rugby selon vous, anglicisme ou pas ?
Là pour le coup oui. Il fait référence à une ville au Royaume Uni, à laquelle on attribue l’invention de ce sport.

Par contre, tennis, avez-vous une idée de l’origine de ce mot ?
Cocorico, c’est bien un mot français, que les nobles anglais ont pris, à l’époque où le français était un peu la langue des élites. C’est une déformation du « tenez » que disaient les joueurs du fameux « jeu de paume » quand ils servaient. Avec la prononciation à l’anglaise de cette expression, ça a donné « tennis ».

Un dernier pour la route : le mot « look ». Alors il est bien utilisé en anglais, il a deux sens, le regard et aussi l’allure. Mais il est apparenté au terme français « reluquer », ce qui signifie regarder. Là l’étymologie n’est pas à 100 % établie, mais on peut soupçonner, encore une fois, une dérive du français.

Pour conclure, même si nous restons au fin fond de notre campagne, les mots que nous utilisons, eux, voyagent. Les langues ont toujours accueilli des termes venus d’ailleurs, c’est ce qui les rend vivantes, et les fait évoluer avec le temps.


Léa VERNAZOBRES

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